Bonjour,
La semaine dernière, grâce au boulot, j'ai pu découvrir la ville de Maripasoula.En effet, notre centre se déplace 2 jours par semaine là bas afin de venir en aide aux malvoyants et non-voyants de cette ville. (ville ou village, environ 1000 habitants).
A chaque mission, il y a un binôme de soignant qui part, il y a donc un roulement et la psychomotricienne chargée de cette mission, Audrey, y va 1 à 2 fois par mois.
Je l'ai donc suivi sur 2 jours afin de voir comment elle travaillait là-bas, avec quels moyens, comment était la population, ect..
Élise, assistance sociale était également avec nous. C'est 2 filles avec qui je m'entends très bien donc ça a rendu la mission-boulot, en mission-touristique entre copines..
C'est nous qui nous déplaçons car Maripa est accessible par avion ou pirogue uniquement, il n'y a pas de route qui y conduit. C'est une ville le long du fleuve Maroni, en face du Surinam.
La population est essentiellement représentée par les Bushinengués, descendant des esclaves noirs de la Guyanes hollandaises (Guyana et Surinam), qui se sont enfuis dans la foret pour échapper à leurs minables conditions de vie.
Du coup, ils parlent tous l'aloukou, une sorte de créole-anglais-hollandais.Tout le monde parle également le français, à des niveaux différents.La plupart des enfants que l'on suit parle assez mal français, ce qui rend la communication parfois compliquée.
Mais en ce qui concerne, la psychomotricité, c'est super intéressant car le corps devient alors le meilleur moyen pour communiquer et entrer en relation avec l'autre. On est en plein cœur de notre profession. Et puis, si vraiment on ne se comprend pas, il y a toujours une sœur, un frère, la maitresse, pour servir de traducteur.
Du coup, on se retrouve à nous-mêmes parler un franco-anglo-créole, c'est assez comique. Certains mots d'aloukou sont très proches de l'anglais donc assez facilement reconnaissables. Comme s'ils avaient juste rajouter un « i » à la fin des mots. Petits exemples :
Un ballon : balli
prendre : taki
donne-moi ; gimmi
pied : footi
qui a gagné : who winni
j'adore, ça me fait trop rigoler!!
j'adore, ça me fait trop rigoler!!
Bref, j'ai trouvé cela super chouette d'apprendre quelques mots, grâce aux enfants, et de jongler entre le corps et la parole pour essayer de se comprendre.
Après, le soin psychomoteur est vraiment très différent et surtout très loin de ce que j'ai pu apprendre dans les livres et sur les bancs de l'école. Il faut alors réussir à déconstruire tout cet enseignement carré et cadré, pour s'adapter à chaque situation nouvelle et pouvoir proposer un soin intéressant, avec les moyens du bords..
Parfois, les séances ne peuvent se faire que sous un arbre, dehors, ou au milieu du salon.
Et dans ce genre de lieu, quand tu sors un ballon ou 2-3 jeux psychomot, tu as tous les gosses du coins qui débarquent. C'est assez cocasse.
C'est loin de l'idée que je me fais du métier mais c'est très intéressant et surtout vraiment bien que ces enfants, adultes, aient accès à nos services, même si ceux-là sont irréguliers. Nous faisons ce que nous pouvons avec notre petite valise de matériel et surtout des idées dans la tête.
Si ma collègue Audrey part, je serais affectée à cette mission et c'est vrai que ça me plairait carrément.
Ça fait un peu mission d'urgence mais c'est top.
Pour se rendre là-bas, on prend un mini avion de 20 places et survolons la foret. il n'y a pas de cabine du pilote, je m'installe au premier rang et j'ai limite les pieds sur le fauteuil du pilote!
C'est impressionnant, magnifique, majestueux. Les petites rivières font comme des serpents et ondulent au milieu de cet immense brocoli. Je suis comme une gosse, à regarder par le mini-hublot et me sens d'un coup toute petite en surplombant ce désert vert. Je vois la miniscule ombre de l'avion sur la fôret, c'est beau..
Arrivée à Maripa, on récupère une voiture dans le mini aéroport, qui n'est ni plus ni moins un pré-fabriqué, et allons déposer nos affaires à l'hôtel. L'hôtel, chez Richard Gras et très agréable, ce sont des petits bungalows le long du fleuve, en bois, très joli.
Midi pause déjeuner et une fois la journée finie : petit jus de fruit à l'hôtel avant de ressortir diner.
Il est parfois difficile de se rappeler qu'on est là pour le boulot et pas en WE. Enfin, je pense qu'au bout de quelques missions je m'y habituerais mais c'est vrai que là, j'avais un peu de mal à me mettre dans l'ambiance travail!
Maripasoula n'a rien à voir avec Cayenne, peu d'habitants mais assez étalée. 2 routes en dur, le reste en piste.
Comme il est difficile de sortir cette ville, il y règne une atmosphère particulière où les gens paraissent s'ennuyer, attendre que le temps passent. Ils occupent la majorité de leur temps à boire et l'autre à aller voir les prostitués de l'autre coté du Maroni, au Surinam. Comme ils vivent un peu en vase clos, il y a beaucoup de consanguinité.
Et au milieu de tout ça, on trouve les orpailleurs illégaux et les militaires qui les pourchassent.
Étrange ambiance régnant dans cette ville où la chaleur et l'humidité rajoutent un côté poisseux et moite à des mentalités parfois légèrement malsaines.
C'est d'ailleurs en parti à cause des "métros" que règne ce climat en peu glauque.
C'est d'ailleurs en parti à cause des "métros" que règne ce climat en peu glauque.
les bushi, ou noirs-marrons, ont une histoire très complexe dans laquelle je vais me plonger afin de mieux la comprendre.
Cette expérience a été vraiment très intéressante et m'a mis l'eau à la bouche. J'ai très envie de prendre la suite d'Audrey, mais pour le moment ce n'est pas à l'ordre du jour.
Voici quelques photos :
Mon copain le pilote
Vu sur la superbe forêt
En arrivant à Saül, où nous avons fait escale avant Maripa
Au dégrade de Maripa, le long du Maroni, vu sur le Surinam
Essentielles Pirogues pour se déplacer
En face, le Surinam
Notez, le petit arc-en-ciel qui part du fleuve!!
Quand les tracteurs restent trop longtemps sans bouger...
Petites cahutes sur le bord de la route, en général chez de gens, où l'ont peut boire et manger un bout
photos de l'hotel où on est logé à chaque fois :
Petites cahutes sur le bord de la route, en général chez de gens, où l'ont peut boire et manger un bout
photos de l'hotel où on est logé à chaque fois :
Ma chambre d'hotel
Vu de ma chambre d'hotel, chez Richard
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