lundi 28 février 2011

Sur le fleuve, à la frontière entre 2 pays

Salut à tous,

Après avoir découvert Maripasoula par le biais du travail, j'ai de nouveau pu bénéficier d'un voyage tous frais payés à St Georges afin de découvrir comment notre service travaille là bas.

St Georges est une petite ville le long du fleuve Oyapock, à la frontière du Brésil.
Contrairement à Maripasoula, et comme vous le verrez sur les photos, c'est une ville plus bétonnée, plus quadrillée, plus propre et plus petite.
Là où Maripa s'étale sur plusieurs km carré avec essentiellement des pistes pour circuler, St Georges comprend 4 routes et 4 carrefours..
Le fait qu'il y ait une route pour s'y rendre depuis Cayenne lui donne alors un côté plus citadin et moins isolé.

La population de St Georges est essentiellement amérindienne. Cette population est très discrète, les enfants sont tous assez inhibés, voir parfois mutiques. Il faut les solliciter des plombes pour qu'ils arrivent à faire un choix, ou même décrocher 2 mots!!
L'ambiance y est donc relativement calme, la tranquillité du fleuve rajoutant une certaine douceur au climat ambiant.

Comme à chaque mission, c'est restos, hôtel et balade à pied pour aller visiter les patients chez eux ou à l'école pour les plus jeunes.

C'était très riche de pouvoir découvrir une nouvelle culture, de nouveaux paysages, une nouvelle forme de psychomotricité. Encore une fois, le travail est avant tout une histoire d'adaptation, quoiqu'à St Georges, les enfants parlent tous français, ce qui simplifie la tache.. mais la rend presque moins captivante qu'à Maripasoula où il faut inventer une sorte de nouveau langage pour arriver à communiquer.

J'ai vraiment apprécié le calme et la sérénité qui règnent là bas. Pourtant l'île de Cayenne ne déborde pas d'animation, de bruits et de pollution en tous genre mais à St Georges, je ne sais pas, tout est paisible.
Je crains de me sentir un peu envahie en rentrant en métropole quand Cayenne me parait déjà trop dense et bruyant!!











l'église vu par le trou de la serrure











Pirogue pour traverse l'Oyapock et se rendre à Oyapock, au Brésil



 Vu du fleuve sur St Georges

Place du village



Pont en construction pour enfin relier la France et le Brésil en voiture






Après avoir passé 2 jours à St Georges avec Anaïs (psychomot) et Axel (Ergothérapeute), Le WE, des amis nous ont rejoins et nous avons traversé le fleuve afin d'aller tenter l'aventure au Brésil. Il suffit de traverser le fleuve pour passer le WE en carbet à Oyapock, entendre parler en Portugais et payer en réal..
Trop drôle, j'ai eu vraiment le sentiment de voyager alors que je n'étais qu'à 100m de la France.. enfin de la Guyane.

Oyapock est donc à la frontière de la guyane, au-dessus du fleuve, totalement isolée du reste de cet immense pays qu'est la brésil.

Cette ville vit essentiellement grâce aux métros qui viennent se fournir en Havaïanas pas chères, paquets de cigarette et alcool à prix moindre. Et de nouveau, dans cette ville, la prostitution est une ressource comme une autre et il semblerait que certains s'en donnent à cœur joie.

Il n'y a pas grand chose à faire, c'est assez moche. Notre carbet était un peu excentré d'Oyapock, nous y sommes allés juste les soirs pour boire de succulentes caïpirinhia, manger dans les nombreux boui-boui proposé et refaire un stock de tong!!

Nous avons pu gouter à la fête brésilienne car le samedi soir, c'était fête au village avec musique à fond (15 tubes brésiliens en boucle toute la soirée), filles légèrement et courtement vêtues, qui en bougeant leur popotin ont confirmé le mythe brésilien!! Nous étions les seuls blancs et nous nous sommes mêlés avec entrain à leur rythme de danse effréné. Même moi la reine du dance floor j'avais les reins en compote!!

Notre carbet était très chouette. Plusieurs carbet tout en bois dans un bout de forêt.. la terrasse surplombant le fleuve, parfait pour boire l'apéro..
On y est allé de St Georges en pirogue, et il nous suffisait de marcher 15 minutes pour arriver à Oyapock..

Samedi dans la journée nous sommes allée nous baigner à Saut Maripa, 45 min de remontée en pirogue pour atteindre un saut (endroit où il y a pas mal de courant, de rocher, souvent difficile à passer pour les piroguiers).

Dimanche, retour sur Cayenne, bien fatiguée après 2 nuits de fête et en hamac..

Au prochain épisode, je vous raconte le Carnaval. Institution ici en Guyane, il dure chaque année entre 1 et 2 mois, avec de nombreux rituels mis en place..
j'attends les photos pour vous donner un aperçu.

besos



Entrée de notre carbet

 Oyapock




 Marché






Petite balade sur le fleuve pour se rendre à Saut-Maripa


 Oyapock, vu du fleuve

Saut maripa (photo du haut)


petites habitations le long du fleuve



mercredi 9 février 2011

Mission Maripasoula

Bonjour,

La semaine dernière, grâce au boulot, j'ai pu découvrir la ville de Maripasoula.En effet, notre centre se déplace 2 jours par semaine là bas afin de venir en aide aux malvoyants et non-voyants de cette ville. (ville ou village, environ 1000 habitants).
A chaque mission, il y a un binôme de soignant qui part, il y a donc un roulement et la psychomotricienne chargée de cette mission, Audrey, y va 1 à 2 fois par mois.
Je l'ai donc suivi sur 2 jours afin de voir comment elle travaillait là-bas, avec quels moyens, comment était la population, ect..
Élise, assistance sociale était également avec nous. C'est 2 filles avec qui je m'entends très bien donc ça a rendu la mission-boulot, en mission-touristique entre copines..

C'est nous qui nous déplaçons car Maripa est accessible par avion ou pirogue uniquement, il n'y a pas de route qui y conduit. C'est une ville le long du fleuve Maroni, en face du Surinam.
La population est essentiellement représentée par les Bushinengués, descendant des esclaves noirs de la Guyanes hollandaises (Guyana et Surinam), qui se sont enfuis dans la foret pour échapper à leurs minables conditions de vie.
Du coup, ils parlent tous l'aloukou, une sorte de créole-anglais-hollandais.Tout le monde parle également le français, à des niveaux différents.La plupart des enfants que l'on suit parle assez mal français, ce qui rend la communication parfois compliquée.

Mais en ce qui concerne, la psychomotricité, c'est super intéressant car le corps devient alors le meilleur moyen pour communiquer et entrer en relation avec l'autre. On est en plein cœur de notre profession. Et puis, si vraiment on ne se comprend pas, il y a toujours une sœur, un frère, la maitresse, pour servir de traducteur.

Du coup, on se retrouve à nous-mêmes parler un franco-anglo-créole, c'est assez comique. Certains mots d'aloukou sont très proches de l'anglais donc assez facilement reconnaissables. Comme s'ils avaient juste rajouter un « i » à la fin des mots. Petits exemples :
Un ballon : balli
prendre : taki
donne-moi ; gimmi
pied : footi
qui a gagné : who winni
j'adore, ça me fait trop rigoler!!
Bref, j'ai trouvé cela super chouette d'apprendre quelques mots, grâce aux enfants, et de jongler entre le corps et la parole pour essayer de se comprendre.

Après, le soin psychomoteur est vraiment très différent et surtout très loin de ce que j'ai pu apprendre dans les livres et sur les bancs de l'école. Il faut alors réussir à déconstruire tout cet enseignement carré et cadré, pour s'adapter à chaque situation nouvelle et pouvoir proposer un soin intéressant, avec les moyens du bords..
Parfois, les séances ne peuvent se faire que sous un arbre, dehors, ou au milieu du salon.
Et dans ce genre de lieu, quand tu sors un ballon ou 2-3 jeux psychomot, tu as tous les gosses du coins qui débarquent. C'est assez cocasse.
C'est loin de l'idée que je me fais du métier mais c'est très intéressant et surtout vraiment bien que ces enfants, adultes, aient accès à nos services, même si ceux-là sont irréguliers. Nous faisons ce que nous pouvons avec notre petite valise de matériel et surtout des idées dans la tête.
Si ma collègue Audrey part, je serais affectée à cette mission et c'est vrai que ça me plairait carrément.
Ça fait un peu mission d'urgence mais c'est top.

Pour se rendre là-bas, on prend un mini avion de 20 places et survolons la foret. il n'y a pas de cabine du pilote, je m'installe au premier rang et j'ai limite les pieds sur le fauteuil du pilote!

C'est impressionnant, magnifique, majestueux. Les petites rivières font comme des serpents et ondulent au milieu de cet immense brocoli. Je suis comme une gosse, à regarder par le mini-hublot et me sens d'un coup toute petite en surplombant ce désert vert. Je vois la miniscule ombre de l'avion sur la fôret, c'est beau..

Arrivée à Maripa, on récupère une voiture dans le mini aéroport, qui n'est ni plus ni moins un pré-fabriqué, et allons déposer nos affaires à l'hôtel. L'hôtel, chez Richard Gras et très agréable, ce sont des petits bungalows le long du fleuve, en bois, très joli.
Midi pause déjeuner et une fois la journée finie : petit jus de fruit à l'hôtel avant de ressortir diner.

Il est parfois difficile de se rappeler qu'on est là pour le boulot et pas en WE. Enfin, je pense qu'au bout de quelques missions je m'y habituerais mais c'est vrai que là, j'avais un peu de mal à me mettre dans l'ambiance travail!

Maripasoula n'a rien à voir avec Cayenne, peu d'habitants mais assez étalée. 2 routes en dur, le reste en piste.
Comme il est difficile de sortir cette ville, il y règne une atmosphère particulière où les gens paraissent s'ennuyer, attendre que le temps passent. Ils occupent la majorité de leur temps à boire et l'autre à aller voir les prostitués de l'autre coté du Maroni, au Surinam. Comme ils vivent un peu en vase clos, il y a beaucoup de consanguinité.
Et au milieu de tout ça, on trouve les orpailleurs illégaux et les militaires qui les pourchassent.
Étrange ambiance régnant dans cette ville où la chaleur et l'humidité rajoutent un côté poisseux et moite à des mentalités parfois légèrement malsaines.
C'est d'ailleurs en parti à cause des "métros" que règne ce climat en peu glauque.
les bushi, ou noirs-marrons, ont une histoire très complexe dans laquelle je vais me plonger afin de mieux la comprendre.
Cette expérience a été vraiment très intéressante et m'a mis l'eau à la bouche. J'ai très envie de prendre la suite d'Audrey, mais pour le moment ce n'est pas à l'ordre du jour.
Voici quelques photos :


Mon copain le pilote

Vu sur la superbe forêt


En arrivant à Saül, où nous avons fait escale avant Maripa


Au dégrade de Maripa, le long du Maroni, vu sur le Surinam


Essentielles Pirogues pour se déplacer


En face, le Surinam



Notez, le petit arc-en-ciel qui part du fleuve!! 







 Quand les tracteurs restent trop longtemps sans bouger...




Petites cahutes sur le bord de la route, en général chez de gens, où l'ont peut boire et manger un bout




photos de l'hotel où on est logé à chaque fois :
Ma chambre d'hotel



Vu de ma chambre d'hotel, chez Richard




Vol retour :



 audrey, ma collègue psychomot